Ex-libris aux armes du maréchal vicomte de Lautrec, chevalier des Ordres du Roi

Ex-libris aux armes du maréchal de Lautrec
Ex-libris aux armes du maréchal de Lautrec
Daniel François de Gélas de Voisins d’Ambres, maréchal vicomte de Lautrec, baron d’Ambres, seigneur de Capendu en Languedoc, de Rochette et de Lisardière en Anjou, fut un brillant militaire français. Il naquit à Lavaur le 24 novembre 1682, troisième fils de François de Gelas de Voisins, comte de Gélas, marquis de Léberon et de Bragnac, vicomte de Lautrec et de Charlotte de Vernou de Bonneuil, dame de La Rivière, fille d’honneur de la reine Anne d’Autriche.

Daniel François fut reçu de minorité dans l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem au sein du Grand Prieuré de Toulouse à l’âge de 6 ans en 1688 et y fut connu sous le nom du chevalier d’Ambres. Il entra dans la seconde compagnie des mousquetaires de Sa Majesté en 1701 puis se rendit à Malte en 1702 pour y faire comme on disait, ses caravanes, et où il demeura au service de l’Ordre jusqu’en 1705.

A son retour, il est chargé par le grand maître Raymond Perellos de Roquefeuil d’offrir à Louis XIV les faucons maltais, traditionnels présents de l’Ordre de Malte au roi de France. Nommé capitaine au régiment des dragons de Lautrec, il entama une longue carrière militaire dans les armées de Louis XIV au cours de la guerre de Succession d’Espagne, qui le conduisit d’abord en Italie pour servir comme aide de camp du duc d’Orléans au siège de Turin (1706). Puis, il partit guerroyer en Allemagne dans l’Armée du Rhin, servant en Alsace en 1707. Colonel d’un régiment d’infanterie de son nom en 1710, lieutenant-colonel du régiment d’infanterie de la Reine le 28 avril 1711, il servit en Flandre sous le maréchal de Villars jusqu’en 1712 (sièges de Marchiennes, de Douai, du Fort de Lescarpe, du Quesnoy), l’accompagna dans sa campagne des bords du Rhin en 1713 (batailles de Denain, Landau et Fribourg). Daniel François fut envoyé en 1714 à l’armée employée à la réduction de la Catalogne (siège de Barcelone), avant de retourner défendre en 1715 l’ile de Malte, menacée par les Turcs. Rattaché à l’armée rassemblée dans les Pyrénées sur les frontières d’Espagne en 1719, il fut promu brigadier des Armées du roi le 3 avril 1721. Il quitta la croix de Malte en 1723, prenant le nom de vicomte (parfois comte) de Lautrec, à la suite du décès de son père. Il obtint, en 1727, la charge de la lieutenance-générale de la Haute-Guyenne.

Au cours de la guerre de Succession de Pologne, après avoir fait les campagnes d’Italie de 1733 à 1736, sous les maréchaux de Villars et de Coigny, il devint maréchal de camp le 18 octobre 1734 puis inspecteur général de l’infanterie en 1736.
Médaille frappée par la république de Genève en l'honneur du comte de Lautrec
Médaille frappée par la république de Genève en l’honneur du comte de Lautrec
A la fin de l’année 1737, il fut envoyé par le roi Louis XV à Genève, plénipotentiaire de France, pour pacifier les troubles qui étaient survenus entre les magistrats et la bourgeoisie. Il aboutit, avec les députés des cantons suisses de Berne et de Zurich, à un règlement qui accorda toutes les parties et rétablit la paix dans cette république. En reconnaissance, Genève fit frapper une médaille en son honneur (ci-contre). A son retour en France en 1738, il fut promu lieutenant général des Armées du roi.

N’ayant pas prononcé ses vœux dans l’Ordre de Malte, il put de ce fait se marier et fit une brillante alliance en épousant le 24 février 1739 Marie Louise Armande de Rohan-Chabot (1717 † 1784), fille de Louis Bretagne Alain de Rohan-Chabot, duc de Rohan, pair de France, prince de Léon (1679 † 1738) et de Françoise de Rocquelaure (1690 † 1740), mais les quatre enfants nés de ce mariage moururent en bas âge :
  • Louis Henri, comte de Gélas, né le 6 août 1741, mort le 16 janvier 1742. A sa naissance, la ville de Genève fit faire des illuminations et des réjouissances publiques,
  • Charles Albert François de Gélas de Lautrec, né le 9 janvier 1744, mort de la petite vérole à Paris le 28 août 1753,
  • Charles Philippe, né le 10 novembre 1745, reçu comme son père chevalier de Malte de minorité mais mort le 21 décembre 1749,
  • Marie Louise de Gélas, née le 19 novembre 1739 et morte le 1er septembre 1745.
Il participa aux différentes phases de la guerre de Succession d’Autriche dans les armées de Louis XV, en particulier au sein de l’Armée de Westphalie en 1741 et 1742. Le vicomte de Lautrec fut créé en 1743 chevalier des Ordres du roi. Il commanda, en tant que lieutenant général, les huit régiments d’infanterie et de cavalerie que le roi fit venir de Bavière en janvier 1743 puis il fut nommé ministre plénipotentiaire du roi auprès de l’électeur de Bavière, élu empereur sous le nom de Charles VII et accompagna celui-ci à Munich, Augsbourg et Francfort. Revenu en France en 1744, il servit en qualité de lieutenant général de l’armée du prince de Conti en Provence et en Dauphiné, puis alla servir en Italie, sous le maréchal de Maillebois, dans les années 1744 et 1745, se distinguant à Parme, Pizzighitone et Guastalla, et faisant le blocus de Mantoue. Sous le maréchal de Saxe, il fit ensuite les campagnes de Flandre de 1746 à 1748, marquées par les batailles de Rocourt et de Lawfeld (où il fut gravement blessé), et par la prise de Maastricht. Il reçut le gouvernement du Quesnoy.

Ce grand militaire, qui s’était illustré tant de fois au cours des guerres de Succession d’Espagne puis de Pologne et d’Autriche, reçut le bâton de maréchal de France le 24 février 1757. Il avait précédemment reçu la croix de Saint-Louis.
Portrait du vicomte de Lautrec, chevalier des Ordres du roi, en maréchal de France
Portrait du vicomte de Lautrec, chevalier des Ordres du roi, en maréchal de France
Le portrait ci-contre du maréchal de Lautrec en cuirasse devant une scène de bataille est donc postérieur à cette date, puisqu’il tient son bâton de maréchal et est revêtu du cordon bleu de l’Ordre du Saint-Esprit. Ce tableau, dont on connait quatre versions, fut attribué à Hyacinthe Rigaud (on sait que le comte de Lautrec lui avait commandé son portrait pour la somme de 600 livres, mais c’était en 1742 – probablement un portrait en buste au vu du prix – ce qui ne cadre pas avec ce portrait en maréchal de France), parfois aussi à Jean-Marc Nattier ou à son élève Louis-Richard Dupont, ou encore à l’entourage de Louis Tocqué.

Le maréchal de Lautrec mourut à Paris le 14 février 1762 à l’âge de 79 ans. Son titre de baron d’Ambres fut transmis par héritage à Philippe de Noailles, qui fut guillotiné avec sa femme à la révolution.

L’ex-libris du maréchal de Lautrec

Comme le portrait présenté ci-avant, cet ex-libris armorié date lui aussi forcément d’après l’accession du vicomte de Lautrec au maréchalat de France, il fut donc gravé entre 1757 et sa mort survenue en 1762. Quoique son auteur n’ait pas signé l’œuvre, elle témoigne de l’art accompli de l’ex-libris gravé français au milieu du XVIIIème siècle. Nous avons retravaillé numériquement quelque peu l’image issue d’un tirage sur plaque de cuivre.
Ex-libris aux armes du maréchal de Lautrec
Ex-libris aux armes du maréchal de Lautrec
Le blason comprend un écartelé exaltant les plus brillantes alliances de la famille de Gélas, elle-même d’extraction relativement plus modeste :
  • au 1 : palé d’or et de gueules (qui est Amboise – le maréchal de Lautrec descend en effet de cette illustre famille chevaleresque par son arrière arrière grand-mère Anne d’Amboise (1737 † 1568), épouse de François de Voisins (1520 † 1576)),
  • au 2 : de gueules à la croix vidée, cléchée et pommetée d’or de 12 pièces (qui est Toulouse – la thèse qui prévaut au XVIIIème siècle pense en effet que la seconde maison de Lautrec est issue de l’union de Baudoin de Toulouse et d’Alix de Lautrec à la fin du XIIème siècle),
  • au 3 : d’argent à trois fusées accolées de gueules (qui est Voisins – le maréchal de Lautrec descend de cette famille d’extraction chevaleresque du Languedoc par son arrière grand-mère Ambroise de Voisins (c. 1568 † 1588), fille de François de Voisins (1520 † 1576) et d’Anne d’Amboise, épouse de Lizander de Gélas († 1627) ; c’est par la famille de Voisins que la famille de Gélas hérite de la baronnie d’Ambres et surtout de la vicomté de Lautrec)
  • au 4 : de gueules au lion d’or armé et lampassé et couronné de gueules (qui est Lautrec – l’illustre maison de Lautrec remonte à Sicard Ier de Lautrec (910 † 972), premier vicomte de Lautrec, sans doute un frère d’Aton Ier, membre souche de la puissante famille de Trencavel. Brunisende de Lautrec, fille du vicomte Almaric IV de Lautrec et dernière de sa famille, vicomtesse de Lautrec de 1383 à 1418, transmet par héritage son vicomté à Jean II de Voisins. Il échoira donc par la suite, comme on l’a vu, à la famille de Gélas qui s’attachera à réunir les diverses parties de la vicomté qui avaient été démembrée, réussissant à détenir les trois quarts du territoire de l’ancien fief médiéval).
Sur le tout : d’azur au lion d’or, armé, lampassé [et couronné – oublié par le graveur] de gueules (qui est Gélas – la famille de Gélas à laquelle appartient le maréchal de Lautrec, remonte sa filiation à noble Pierre de Gélas, seigneur de Lebreton, mort avant 1507 – son extraction est moins ancienne que les Voisins dont elle a relevé le nom).

Le blason du maréchal de Lautrec est entouré du collier de l’Ordre du Saint-Esprit, qui alterne des fleur de lys enflammées (le feu du Saint Esprit), des H couronnés de trois couronnes (souvenir de son institution en 1578 par le roi Henri III, dont la devise était : « trois couronnes pour un roi » : la couronne de France, la couronne de Pologne, et celle espérée au ciel) et des trophées militaires. L’ordre de Saint-Michel, que recevait automatiquement chaque chevalier de l’ordre du Saint-Esprit, a été figuré par l’artiste par sa médaille au-dessus de la croix du Saint-Esprit.

L’écu est placé sur deux bâtons de maréchaux posés en sautoir, comme il est coutume pour les maréchaux de France.

On notera que l’écu est timbré d’une couronne de duc, sans s’étonner outre mesure. Cette « inflation héraldique » – sans qu’il ne faille préjuger d’un désir de titre ducal qui n’aurait jamais abouti – est courante au XVIIIème siècle : par exemple, le comte de Tressan ainsi que la comtesse du Barry timbrent de même leurs blasons d’une couronne ducale.

Cet ex-libris – plutôt spectaculaire – du maréchal de Lautrec fait partie des blasons que nous donnons à travailler au cours des ateliers d’héraldique qui sont régulièrement proposés lors des visites privées de l’hôtel du Barry / la Jussienne, en collaboration avec MyDomos.

Voici quelques exemples de mises en couleur réalisées par deux participants plutôt doués !

Visite guidée et atelier d’héraldisme dans une demeure historique au cœur de Paris : découvrez La Jussienne avec Mydomos !

MyDomos ouvre au public des lieux privés parisiens historiques au moyen de la visite guidée des lieux par leur propriétaire. Après la Villa Ange Volant de Garches, après l’Hôtel de Noailles à Saint-Germain-en-Laye et celui de Kergorlay-Langsdorff dans le XVIème arrondissement de Paris, c’est au tour de notre appartement de La Jussienne d’ouvrir ses portes.

Visite guidée privée + Atelier d'initiation à l'héraldique

59 EUR/personne

Edifié en 1752 d’abord pour son propre usage par Denis Quirot, architecte du Roi et de la duchesse d’Orléans, La Jussienne est une maison située en plein cœur de Paris, puisque situé entre la Place des Victoires et Les Halles ; elle fut rapidement louée après sa construction par le Comte du Barry pour lui et sa maîtresse, future Comtesse du Barry.

L’Hôtel du Barry est un témoin de premier plan de l’architecture urbaine au milieu du règne de Louis XV. Sa façade présente une décoration exceptionnelle d’ornementations sculptées et de ferronneries, évoquant en particulier l’univers de la Commedia dell’Arte. Plus qu’un hôtel particulier, il s’agit d’un immeuble d’habitation articulé sur plusieurs cours intérieures débouchant sur deux rues différentes.

La maison, qui avait aussi accueilli le marquis Dupleix à son retour des Indes, fut aussi le cadre de vie imaginé par Honoré de Balzac pour son Père Goriot. Les XIXème et XXème siècles furent cependant fatals à cette demeure, qui servit de bâtiment administratif au Ministère du Travail. Si les magnifiques façades et certaines parties purent être inscrites aux Monuments Historiques en 1975 et 1996, les appartements intérieurs subirent les affres de ces temps.

Vous visiterez l’appartement de l’un des propriétaires qui s’attache à reconstituer patiemment un univers dans le goût du règne de Louis XV, plus particulièrement dans le goût de Madame du Barry. A l’issue de cette visite guidée, il vous partagera également sa passion pour l’héraldique et pour les ex-libris armoriés en particulier.

Au cours d’un atelier pratique, vous serez initié au langage du blason, à la symbolique des couleurs héraldiques et, avec les conseils du maître des lieux, vous pourrez peindre vous-même un ex-libris historique de rehauts & lavis de couleurs, selon la mode des XVIIème et XVIIIème siècles. Vous pourrez repartir avec votre œuvre une fois celle-ci terminée, non sans avoir échangé autour d’un goûter/apéritif.


lajussienne.com, un art de vivre à la française au XXIème siècle

lajussienne.com - Arbre généalogique du Dauphin Louis, fils du roi Louis XV et de la reine Marie Leszczynska, père du futur roi Louis XVI. Gravure de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert
Arbre généalogique du Dauphin Louis, fils du roi Louis XV et de la reine Marie Leszczynska, père du futur roi Louis XVI. Gravure de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert

Avec ce premier article et avec ce magnifique arbre généalogique du Dauphin, fils de Louis XV, nous lançons aujourd’hui le blog de lajussienne.com. Au fil des jours, nous allons vous y partager nos réalisations. Celles-ci seront, nous l’espérons, nombreuses et multiformes. Vous avez déjà bien reçu favorablement une première réalisation : nos masques de protection en tissu – collection historiques qui ont remporté un franc succès. Nous avons commencé aussi la composition numérique d’ex-libris armoriés dans le goût du XVIIème et du XVIIIème siècles, quelques uns seront prochainement exposés sur le site. D’autres réalisations suivront, qui, nous l’espérons, continuerons d’allier tradition et modernité.

Le choix que nous avons fait de cette magnifique gravure de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (il s’agit d’une des planches accompagnant l’article « blason ») pour illustrer ce premier article n’est pas totalement anodin : l’art traditionnel héraldique du blason correspond à des besoins profonds d’identification, et nos logos modernes – s’ils conviennent tout à fait pour construire l’identité d’une entreprise – peinent à être appropriables par les particuliers ou les collectivités humaines. L’art héraldique décliné sur de nouveaux supports (les masques n’en sont qu’un premier exemple) ne peut que gagner d’une synthèse nouvelle entre traditions et modernité.

Plus largement, et comme l’y invite aussi la décoration de nos locaux disponibles à la location pour vos tournages et vos productions, nous allons tenter d’illustrer sur lajussienne.com les beautés d’un art de vivre à la française au XXIème siècle, en vous proposant des services et des produits de qualité réalisés dans cet esprit.

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